Journée en famille

Dimanche 12 octobre 2014

Ce matin lever vers 7h15. Premier debout, je sors de la chambre et suis de suite entouré. Cependant je souhaite faire ma toilette tranquillement. Je reporte donc ce projet de quelques minutes en construisant un circuit pour un jeune garçon jouant avec une bille. Peu après cette diversion, je m'éloigne pour aller me raser avec un appareil électrique : les indiens, surpris, viennent me regarder, me conseillant même en rigolant la moustache du Rajasthan. Avoir du public, ça fait un peu étrange ... Au bout d'un moment assez bref, ils finissent par se lasser et me laissent enfin seul. Les gens sont de suite blasés de nos jours ... ou alors je n'ai aucun intérêt ?

Notre petit déjeuner comporte un thé indien vraiment très sucré. Pagluda m'entraîne ensuite jusqu'au métier à tisser qu'URMUL a donné aux villageois. En entrant dans la pièce je me prends une nouvelle fois le toit en paille dans la tête. Ils sont si petits ces indiens ! Les hommes du coin produisent grâce à cet outil une tunique à 1500 roupies. Relevant un décalage avec la philosophie d'URMUL qu'on nous a présentée hier, je demande pourquoi les femmes ne tissent pas elles-mêmes. La réponse me déconcerte car, du point de vue de notre hôte, les tâches ménagères et la cuisine leur prendraient tout leur temps. Je le conçois mais le but n'est-il pas d'oeuvrer pour les femmes et leur autonomie ? A moins que le village ait été récemment équipé et que les mutations soient donc en cours ?

Dans un premier temps, je regarde Pagluda travailler avec rapidité et efficacité. Il m'"invite" ensuite à prendre sa place pour un essai. M'enfoncer dans son trou alors que je dois bien faire 20cm de plus que lui est déjà une épreuve en soit. Je finis par y arriver. Ensuite, il m'enseigne les 4 à 5 étapes qu'il faut répéter en permanence : appuyer sur une pédale, tasser le fil contre le reste de la tunique, tirer sur une corde pour faire partir la navette de l'autre côté, pousser la navette si j'ai tiré sur la corde comme une lavette, lâcher la pédale enfoncée et appuyer sur l'autre ... Cela nécessite un minimum de synchronisation mais déjà trop pour mon seul neurone encore actif. Pagluda est sympa et dit que c'est bien mais mon travail ne vaut pas grand-chose : on voit que les mailles ne sont pas suffisamment serrées. Virginie et Marie s'y essayent à leur tour avec plus de succès pour Virginie et autant que moi pour Marie. A l'issue de ce petit atelier, notre hôte nous réclame 100 roupies alors que l'engagement de ce voyage est de ne rien donner, les familles étant déjà indemnisées. Discussion entre nous sur le comportement à adopter et amertume. Nous convenons d'en parler à Jimmy que nous allons voir ce matin et de ne rien verser pour le moment.

Jusqu'à 10h l'ambiance devient plus tendue. 20 minutes avant le départ, nos hôtes nous offrent la seconde partie du petit-déjeuner : du riz. Nous partons ensuite vers le lieu de réunion avec Pagluda. Nous en sommes les plus éloignés. Nous passons chemin faisant devant l'habitation de Fatima, Maryvonne et Laurie. Tous regroupés, nous échangeons entre nous sur le déroulé des événements depuis hier soir puis partons pour une micro-balade dans le village : un bijoutier, un commerce et un garagiste soit aucun intérêt en dehors de voir les autres membres du groupe. Nous sensibilisons également Jimmy à notre mésaventure. Dans un premier temps désintéressé par le problème, il finit par le prendre à bras le corps face à notre insistance et rabroue publiquement Pagluda devant plusieurs autres villageois. La méthode manque singulièrement de tact. A l'adresse des fillettes de la maison qui nous ont fait les dessins au henné, nous rachetons deux tubes. Au moins, nous pouvons à présent repartir de 0 ! La balade est terminée, chacun peut rentrer chez lui pour le reste de la journée. J'avoue craindre beaucoup la soupe à la grimace mais la situation va être plus positive que ça.

Nous commençons par prendre place devant la maison et par parler de niveaux de vie face à l'intérêt manifesté par notre hôte. Virginie décide aussi de faire des tresses africaines à Mamta et Sunder qui en retour la coiffent aussi mais à leur sauce. Pagluda nous montre élégamment un de ses ongles qu'il maintient volontairement très long pour pouvoir se curer les oreilles avec. Nous enchainons avec un outil de communication parfait quand on a peu de mots en commun : nos albums photos. Dans la même rubrique, on pourrait incorporer un de nos guides de l'Inde car nos hôtes se mettent à nous raconter leur pays, à le découvrir aussi n'ayant probablement pas beaucoup voyagé ...

Midi arrive, nous retournons devant la sacro-sainte télévision, une tradition incontournable à laquelle nous aimerions pourtant bien échapper. En guise de dessert, chapatis au sucre et au beurre : 1 sacré régal qui, à mon avis totalement objectif, mérite à lui seul trois ou quatre étoiles dans le Michelin.

L'après-midi débute avec les photos de mariage d'Assand. On retrouve le même style que chez Sushila avec une décoration surchargée et kitsch mais l'album reste un très beau témoignage sur le mariage traditionnel en Inde avec sa multitude de costumes, ses danses et ses chants, la dot, la caravane et le cheval blanc ... La discussion va se poursuivre à l'ombre une partie de l'après-midi ponctuée de quelques thés indiens et de photos des enfants. Assand nous remet également des bracelets qui identifient normalement frères et soeurs, puis il nous met sur le front une marque orange.

Maison d'Assand

Jeune garçon

Sunder et Mamta se font coiffer par Virginie

Assand

Sunder et sa fratrie

Jeune fillette

Tandis que les filles et fillettes vont chanter, danser, puis jouer à un jeu indien en plein air réservé à la gent féminine, Assand finit de me montrer quelques clips de Bollywood avant de tenter de m'apprendre à conduire une auto. Pardon : SON auto ! Il n'en est pas peu fier de ce 4x4 qu'il utilise dans son métier de chauffeur. Il tient d'ailleurs fortement à ce que je l'immortalise sous toutes les coutures tandis que, de façon incompréhensible, sa femme n'aura pas les mêmes honneurs. Je serais elle, je crois que je serais jalouse pour le coup. De même, je ne tenterais pas la phrase "c'est moi ou ta voiture !". Repassons à l'auto-école : j'ai déjà mon permis mais j'ai tellement déconnecté depuis mon arrivée il y a 8 jours que je ne sais même plus à quoi servent chacune de ces 3 pédales au plancher. Pourquoi 3 d'ailleurs ? Je tourne le contact, le moteur démarre. C'est toujours ça de fait... Maintenant passons la vitesse et avançons. Le moteur rugit et monte dans les tours sans que je ne bouge d'un pouce. Bon ok ce n'est pas cette pédale... Je vais donc essayer les deux autres mais n'obtiendrai pour toute réponse qu'un tremblement fébrile de la voiture, celui qui précède le moment où vous calez. Assand doit commencer à se décomposer intérieurement, je préfère lui indiquer que j'abandonne et lui refile le bébé. Pour vérifier que je suis bien neuneu, il effectue une marche-arrière et une autre avant sans problème. Sa voiture est indemne, la confiance en soi de mon seul neurone est en berne. Sinon, je sais aussi faire du vélo ... Mais j'avoue ne pas vouloir faire une seconde démonstration de l'étendue limitée de mon talent. Et encore j'ai échappé au chant et à la danse !

Nous allons ensuite chez le grand frère de la famille qui habite une maison du hameau familial. Nous y voyons une attraction spectaculaire, digne d'un poussin orange : un chevreau d'une poignée de kilos et frêle comme un coucou qui ne cesse d'uriner pendant plusieurs minutes. Mais il sort d'où toute cette eau celui-là ? Après c'est toujours mieux que de prendre un enfant dans les bras et que la même chose se produise vu que là-bas ils n'ont pas vraiment de couches.

La femme de Pagluda au puits

Pagluda

Sunder et sa fratrie

Jeunes de la famille

Bergerie

Autour de 17h, suite à l'appel de Jimmy, nous rejoignons le reste du groupe au point de réunion : la famille de Maric et Jean-Luc. Nous pouvons ainsi y échanger les dernières nouvelles de l'actualité communale. Après cet intermède, nous regagnons nos pénates tout en marquant un petit arrêt pour visiter la famille de Laurie, Fatima et Maryvonne. La suite de la soirée ne présente pas d'intérêts dignes d'être mentionnés entre la douche, une nouvelle session de métier à tisser, le repas et la vaisselle au sable.

Alors que nous profitons de la soirée étoilée tranquillement, nous subissons une attaque aérienne soudaine de la part d'une chauve-souris sourde comme un pot. Comment le sais-je ? Simplement parce que malgré les ultrasons qu'elle envoie, elle n'en récupère aucun en retour et se prend ainsi l'ampoule éteinte qui surplombe la cour. Chauve-souris sourde n'ayant pas froid aux yeux (comme pourrait le dire le proverbe), elle réalise de plus en plus de piqués en rase-motte passant non loin des têtes de Virginie et Marie qui se réfugient sous le niveau des lits tressés. Bonne stratégie car la dernière attaque aurait portée. N'étant pas beaucoup plus vaillant sur ce coup-là, je me réfugie également dans le bunker anti-aérien. L'assaut passé, nous pouvons nous préparer pour la nuit sous une magnifique Voie Lactée mais en l'absence de lune alors qu'elle devrait être presque pleine. En s'enfermant dans la chambre, nous nous apercevons que la ménagerie devait faire porte-ouverte aujourd'hui : en effet, Denver le lézard a fugué en compagnie de Mickey pour venir dormir avec nous. Nous faisons chambre commune à 5 et, si la promiscuité ne me gêne pas, la chaleur étouffante beaucoup plus : je peine vraiment à m'assoupir et pas parce que Denver ronfle...

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