Bishnoïs et gazelles

Jeudi 16 octobre 2014

Nous nous levons à 7h30. Comme il ne convient pas de mélanger les torchons et les serviettes, nous devons faire hôtel à part pour le petit déjeuner. Concernant la terrasse, la nôtre est en retrait par rapport à celle d'hier soir. En outre, pour l'atteindre il faut même s'attaquer à une ascension plus exigeante que le Mont Blanc d'hier, peu après le lever... Fatima et Laurie sont mes compagnonnes d'escalade pour l'occasion. Au sommet, nous avons le choix entre plat indien ou européen. Je reste fidèle au premier. Ayant terminé, nous décidons de rejoindre le reste du groupe dans l'autre hôtel. Eux n'auront eu qu'un petit-déjeuner européen. Ben que voulez-vous que j'vous dise ? Il ne fallait pas économiser au moment de la réservation... Langue tirée Par contre, depuis ce poste d'observation, la vue sur le fort est décidément magnifique !

Avant le départ nous bénéficions ensuite d'un peu de temps libre. J'en profite pour gagner l'immense bassin de Gulab Sagar qui est traversé par un pont de pierre et offre une vue sur les hauteurs de la ville. Chemin faisant, je passe devant un puits peu entretenu et devant des vaches amatrices de chapatis.

A 9h30, nous partons à pied jusqu'au bus en traversant l'artère principale de Sardar Market. Ayant rejoint le minibus, Marie s'installe au fond et choisit sa place. Avec Virginie, on commence à craindre un cataclysme. Au bout de quelques dizaines de minutes, nous marquons un 1er arrêt près d'un enclos pour vaches : il s'agirait d'une sorte de fourrière. Ces ruminants appartiennent tous à quelqu'un en théorie sauf que, lorsqu'il y en a trop dans la ville et que l'on ne retrouve pas le propriétaire, l'animal est amené ici le temps que les rues soient plus dégagées et plus sûres. Pour autant ces vaches ne sont pas en "prison", elles sont même choyées car les automobilistes s'arrêtent pour leur donner à manger et ainsi accumuler du bon karma. Nous ne dérogeons pas à cette règle.

Fenêtre dans l'hôtel

Vue sur Mehrangarh

Bassin de Gulab Sagar

Puits

Fourrière pour vaches

A peine avons-nous redémarré que nous atteignons déjà l'hôtel du jour : un palais en parfait état à Chandelao. En guise d'accueil, nous recevons un second collier synthétique puis procédons à la répartition des chambres. Inutile de préciser que j'obtiens pour moi seul une petite terrasse avec lits comme chez les familles et chaises tandis que les autres doivent partager ce type d'espace quand ils en ont un ... A côté de notre hébergement, une association solidaire propose un peu d'artisanat et de textile. Attention : fuite de roupies générale ! J'y acquiers un dernier souvenir dont mon frère m'a passé commande : un éléphant à suspendre au-dessus d'un berceau.

Retour au palais pour déjeuner dans le magnifique édifice au coeur de l'hébergement. A l'issue du repas, nous disposons de 2h de repos que nous mettons à profit pour jouer aux cartes, d'abord à 3 puis à 4 lorsque Fatima se joint à nous. Toujours aussi incroyable que ce matin, Marie mène pendant quelques manches. Décidément les temps changent vite ! Pour éviter le cataclysme, nous devons suspendre la partie et partons en "safari" oiseaux et gazelles.

Chandelao - Restaurant

Colliers d'accueil

Le personnel de l'hôtel

Un camion surélevé avec juste un toit en toile nous attend devant l'hôtel. Il embarque également un couple qui va devoir composer avec une tribu de 9 francophones. Pour l'escapade romantique, c'est raté ! Désolé ... Nous partons à travers la campagne et, au vu de la suite, je me demande si l'objet du safari ce n'était pas nous finalement ? Ca expliquerait en tout cas le monde qu'il y a partout et l'enthousiasme des enfants à notre passage. Pensez-y une semaine qu'ils attendaient le passage de ces visages pâles cachés derrière leurs appareils photos !

Dans un premier temps, nous apercevons des animaux sauvages tels que des vaches, des moutons ou des chèvres et, contrairement au salon de l'agriculture parisien, nous les voyons dans leur milieu. Nous avons d'autant plus de mal à contenir l'euphorie que nous y voyons des écharpes en laine et des tapis Miu Miu depuis notre visite à l'entrepôt d'hier. Un peu plus loin, nous arrivons à hauteur d'un petit point d'eau auprès duquel évoluent des oiseaux encore plus petits. Quel safari ! Régulièrement, nous voyons des cultivateurs oeuvrer dans les champs, toujours en groupe et sans aucun moyen mécanique pour les aider. D'autres s'accordent une pause car il fait encore bien chaud à cette heure. Nous traversons ensuite les premiers villages où une ribambelle de gamins sort de partout et court après le bus en nous saluant. Et puis il y a les premières bishnoïs avec leur anneau assez grand dans la paroi nasale et de nombreux bracelets autour des bras en tant que femmes mariées (cette coutume était aussi respectée dans les familles où l'on a séjournées). Les bishnoïs sont des précurseurs en matière d'écologie : depuis plusieurs siècles, ils vivent en harmonie avec leur environnement et protègent les arbres et les animaux qui ne sont donc pas spécialement farouches. En dehors de cela, ils suivent plutôt les rites de la religion hindouiste.

Oiseau au bord d'une mare

Groupe de cultivateurs se reposant

Perdrix

Enfants attendant notre passage

Femme bishnoï

Travaux des champs

Au bout d'un moment, les premières gazelles font leur apparition. C'est un animal largement associé à cette ethnie justement et qui rend enfin le safari plus palpitant. Malgré le bruit du moteur, elles restent à faible portée de nos objectifq et nous pouvons donc les contempler à satiété.

Nous parvenons à un gros bourg où nous allons marquer un premier arrêt pour nous rendre chez les potiers. Le tour est exclusivement manié par des musulmans dans l'atelier où nous descendons. Devant leur maison est entreposé un certain nombre de jarres, en apparence toutes identiques, disposées autour d'un four en terre et en briques. Nous rentrons à l'intérieur pour découvrir une très belle porte. Puis nous passons à la démonstration. Jean-Luc, le plus téméraire d'entre nous, va s'essayer à la poterie avec relativement de succès jusqu'au moment où il relâche l'attention et détruit toute son oeuvre. Les professionnels de cet atelier réalisent 100 pièces par jour environ.

Gazelles

Gazelle

Four et poteries

Belle porte

Le potier en action

Gros plan sur un potier

N'ayant aucun avenir dans ce domaine, nous reprenons la route jusqu'à un producteur d'opium. Certaines d'entre nous décident de goûter quelques gouttes de ce liquide pour ne pas mourir idiotes. C'est tout à leur honneur mais, considérant mon cas désespéré sur ce point, je ne trouve pas nécessaire de franchir le pas. Contrairement à elles, les deux démonstrateurs s'enfilent lampée sur lampée. Aucun éléphant rose n'ayant été signalé, je suppose qu'il s'agissait en fait d'un sirop mais sait-on jamais ?

Sur le chemin du retour, le soleil se couche sur les champs et prend une teinte orangé. Je m'attends à voir surgir d'ici peu les personnages du Roi Lion. En les attendant, quelques paons évoluent librement dans ce cadre. Dans ce pays, ils sont élevés au rang de symbole national et nourris quotidiennement pour tout ce qu'ils représentent de bon. Dans le camion, Marie est très dévouée et s'occupe de protéger ses deux voisins des branches qui tentent désespérément de nous heurter. Alors là félicitations et merci parce que vouloir se prendre des branches à la place des autres, je ne connais pas grand monde qui le ferait ...

Paysage champêtre

Paysage champêtre

Pavot

A la vôtre

Paon

Soleil couchant

Au retour à l'hôtel, nous avons juste le temps de prendre une douche avant de rejoindre la terrasse pour diner. Au cours de celui-ci, nous recevons la visite du "roi" local et de son fils, propriétaires des lieux. C'est étrange de se dire que c'est la première fois de nos vies qu'un roi vient nous voir mais bon, je dois avouer que ça me laisse un peu de marbre et que j'aurais préféré une disciple de Mère Teresa. Après tout, je viens d'un pays de révolutionnaires !

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