Bollywood
Vendredi 17 août 2014
Ca commence à sentir un peu le roussi car nous devons aujourd'hui regagner une destination que nous avons déjà visitée : Jaipur. Nous nous levons ce matin pour être prêts pour le premier petit-déjeuner de 6h30. Après une heure trente de route, nous allons en effet nous arrêter pour en prendre un second. Cela confirme une impression que l'on a depuis longtemps : en Inde, on passe la plupart de son temps à absorber et ce qu'il en reste à digérer. Enfin, quand on est "touriste" uniquement ...
Assis entre Virginie et Marie, je me vois gentiment proposer deux écouteurs. Le minibus avait peut-être des filets et des rideaux mais il lui manquait encore la stéréo. Maintenant cette lacune est en voie d'être réparée !
Au cours d'une nouvelle pause, nous pouvons voir de près les camions avec des guirlandes accrochées notamment aux rétroviseurs ou aux pare-chocs. De couleur noire, elles visent à protéger du mauvais oeil. A l'arrière des véhicules, il y a de temps en temps de belles peintures et des inscriptions invitant à klaxonner ou donnant des indices sur l'ethnie du chauffeur.
Sur la route, il circule tout type de véhicules dans tous les sens. Les cargaisons sont parfois impressionnantes !
Pour le repas du midi, nous nous arrêtons dans une cantine routière sous un toit en tôle où nous mangeons de bons petits plats.
C'est reparti pour les derniers tours de roue, l'occasion pour moi de tester ce nouveau système de sonorisation du minibus. La musique m'emporte temporairement dans d'autres contrées aux sonorités hispaniques et bretonnes. Merci pour cette découverte !
Après 7h de route, l'arrivée à Jaipur s'apparente à un exercice militaire : nous sommes largués au milieu d'un rond-point où se rejoignent deux avenues plutôt importantes. Nous avons une minute pour descendre à partir de ... maintenant ! Go, go, go !!! Mais rien ne sert de se jeter aveuglément sur la chaussée pour éviter de se réincarner en chapati ...
N'ayant pas vraiment de but précis avant ce soir, nous allons effectuer encore un peu de shopping. Le point de départ est une bijouterie. N'ayant pas tous un tel budget et/ou intérêt pour ce domaine, nous nous dispersons quelque peu. Je suis personnellement à la recherche d'un drapeau du pays comme lors de tous mes voyages. Sans le savoir, je commence alors un sacré gymkhana. A peine sorti de la bijouterie, je me fais alpaguer par un rabatteur qui me promet monts et merveilles mais qui va surtout me faire perdre mon temps. J'enchaine avec lui les boutiques mais en vain jusqu'à aboutir dans une pharmacie qui en propose mais à un prix exorbitant et retouché par les mites. Je préfère décliner car je ne cherche pas une imitation vintage. Je repars alors dans l'autre sens et me dirige vers le bazar central, un dédale de boutiques qui, pour la plupart, sont équipées pour Diwali mais pas en drapeau. Un autre rabatteur va finir par me dénicher mon produit. En négociant, je parviens à faire diviser le prix par 5 mais il reste encore largement supérieur au coût normal. Tant pis, j'en ai marre de courir et le prends.
Je rentre à la bijouterie où le temps semble s'être arrêté, je repars donc pour une seconde escapade vers le City Palace franchissant 2 portes et parvenant devant une troisième à motif floral et en faïence. Le plus idiot c'est que depuis tout à l'heure je tourne sans le savoir autour du Jantar Mantar, un observatoire figurant sur la prestigieuse liste de l'UNESCO. Ce n'est qu'après mon retour en France qu'un collègue globe-trotter et une indienne me feront réaliser ma négligence.
Nouveau passage à la bijouterie pour retrouver une partie du groupe en train de déguster un thé. Je décide de repartir une dernière fois jusqu'à une tour qui m'intrigue. Estimant avoir peu de temps, je me mets à courir brièvement. Un indien m'interpelle et me demande pourquoi je cours ? Sa question me fait prendre conscience qu'il n'a pas tort. Alors que depuis une dizaine de jours je vis sans montre, je recommence à avoir mes travers d'européens... J'arrête donc car je ne pourrais de toute façon jamais rattraper le temps après lequel je cours. En outre, mon but n'est pas trop loin et Jimmy sait où je vais donc il m'attendra.
Nous nous rassemblons pour retourner à l'hôtel et plus immédiatement encore retrouver notre minibus. Chemin faisant, l'un de nous acquiert au moins mille ans de bonheur. Satanée vache, la prochaine qu'il attrape je suis sûr qu'elle finit à Buffalo Grill ! Sur la route, nous passons devant l'Albert Hall Museum, un édifice riche en étages, en coupoles et en décrochements. Notre hébergement est le même qu'il y a quelques jours. Nous allons y rester deux heures à nous détendre avant de repartir. Une partie de ce temps est passée ensemble à discuter du programme. L'une de nous décide de se reposer ici, deux autres de nous accompagner avant d'aller faire un brin de shopping, quant au restant du groupe, nous allons aller au cinéma voir une des dernières productions de Bollywood : Bang Bang. Je ne concevais pas trop de quitter l'Inde sans avoir tenté cette expérience et je ne vais pas le regretter !
Nous partons en minibus jusqu'au Raj Mandir, autrefois le plus grand cinéma de l'Inde. En attendant le début de la séance, nous disposons d'un peu de temps libre. Nous nous dispersons avant de nous retrouver quelques minutes à 5 : Maric et Jean-Luc, Marie, Virginie et moi. Jimmy nous emmène déguster un lassi, une boisson typique à base de yaourt. Dans des verres en terre cuite à usage unique, nous dégustons ce breuvage que l'on trouve chez nous dans tous les restaurants indiens. Celui-ci est vraiment délicieux et offre l'occasion de trinquer à la vaillance de mes compagnonnes de voyage qui me subissent, sans trop broncher, depuis le début du parcours. Après cela, nous pouvons rapidement déambuler sur les "Champs-Elysées" locaux. Ici aussi l'avenue est aussi superficielle que ses marchandises de luxe comme ces saris à 6000 roupies.
Nous rejoignons enfin le cinéma. Dans un premier temps, nous attendons dans un vaste hall où sont disposées quelques banquettes et où les colonnes sont en forme de papyrus. Puis, nous pouvons accéder à la salle de haut standing : rideau rouge à froufrou, sièges inclinables ... Il y a pas mal de touristes alentours. Le film en tant que tel ne présente pas grand intérêt : 3h d'une intrigue mi-espionnage, mi-film sentimental où une jeune femme dans le genre de Bridget Jones se retrouve dans les bras d'un gaillard mi-James Bond mi-Arsène Lupin poursuivi par une meute de méchants. Dès le début on sent que les deux tourtereaux vont finir en couple. Régulièrement, des pubs passent à l'écran sous forme de marques qui apparaissent au premier plan. Les dialogues sont en hindi et traduits par Jimmy au fil de l'eau mais même sans cela, on arrive à appréhender un comique de situation assez fréquent. Ce qui est bien plus marrant c'est tout le reste : les effets spéciaux du film qui sont surfaits au possible, des cascades que même les frères Lumières auraient mieux mis en scène, les fameuses danses caractéristiques de Bollywood, ... Et je ne parle même pas du public qui interagit totalement avec le film : sans que l'on comprenne toujours pourquoi, les indiens se mettent à hurler, à siffler, à applaudir lors de scènes d'action ou à d'autres moments plus anodins. Le spectacle gagne la salle ! Chez nous, Georgette serait obligée d'appeler au calme et les "chhhhttt !!!" agacés fuseraient. Au final, malgré le scénario à l'eau de rose, je serai bien resté les trois heures mais il nous faut sortir pour retrouver Fatima et Laurie qui ont fait des kilomètres pour rien : elles n'ont pas trouvé les boutiques qu'elles cherchaient.
Nous rentrons à l'hôtel où nous prenons le repas à une table si gigantesque que nous sommes à minima espacés d'un mètre les uns des autres. Il faudrait presque un mégaphone pour demander le sel au voisin ...