Derniers instants en Inde
Samedi 17 octobre 2014
J'ai désormais un rythme et il m'est difficile de faire une grasse matinée quand les autres jours on se lève à l'aube. Je m'occupe donc par quelques grilles de mots-croisés pour que les premiers membres du groupe qui passent me prennent pour quelqu'un d'intelligent. Pour ne pas les détromper, je cache habilement l'indication "Niveau 1 - Pour demeurés et autres ratatinés du ciboulot". Vers 8h, l'avant-garde commence à se pointer et va déjeuner. Je préfère attendre Virginie et Marie car je souhaite les accompagner ce matin n'ayant rien à faire ce dernier jour et ne souhaitant pas m'aventurer seul. Au petit-déjeuner, nous avons l'honneur de déguster une papaye dégueulasse tant elle est insipide tandis que beurre et confiture indiquent des dates de péremption appartenant désormais à l'histoire. Autant organiser notre matinée du coup. Maric et Jean-Luc préfèrent rester à l'hôtel et profiter de la piscine. Nous sommes donc 6 à vouloir rejoindre le centre-ville. Pour ce faire, nous faisons appeler un rickshaw. 6 dans un seul véhicule, jambes pêle-mêle : nous avons bien appris durant ce séjour. Pourtant plus tard dans la journée, nous en verrons avec 10 passagers. Certes, ils trichaient certains étant à l'avant avec le chauffeur.
A destination, nous nous séparons en deux groupes pour siphonner consciencieusement les derniers porte-monnaie ayant encore un peu de gras (sauf le mien vu que je ne suis pas trop shopping et que je suis juste accompagnateur-traducteur). Nous nous donnons rendez-vous pour 11h45 sachant que nous retrouvons Jimmy 10 minutes après dans notre hébergement. Avec Marie et Virginie, nous allons parcourir une rue décorée par de nombreux fanions, probablement à l'occasion de Diwali. Peu à peu, le bazar s'anime et reprend vie. Nous concentrant sur les derniers cadeaux que les filles ont à faire - parce que oui elles font du shopping utile donc pour les autres - nous prenons le temps de tout négocier ce qui fait que nous allons finalement échouer dans la mission : il va leur rester de l'argent à la fin.
De retour à l'hôtel, Jimmy et deux voitures nous attendent. Ce sont elles qui vont nous conduire sur Delhi. En effet, ce soir nous avons deux vols différents et les filles et moi repartons bien plus tard que le reste du groupe. Notre véhicule nous mènera donc à la guest-house tibétaine du premier jour. A la sortie de la ville, nous nous arrêtons dans la cantine de la dernière fois pour y manger ces légumes qui étaient trop bons ! Nous en profitons pour remettre une écharpe à Jimmy en guise de remerciements pour ses services et j'offre une tournée pour remercier également chaque membre de ce groupe bien attachant pour tous les moments partagés. Merci ça a été un plaisir de voyager avec vous et de vous connaître !
En repartant, nous passons devant le Palais de l'Eau et le Fort d'Amber qui appartiennent déjà à nos souvenirs. La boucle est quasi-bouclée, c'est triste. Malgré cela, dans notre véhicule l'ambiance est encore légère. Nous nous extasions par exemple sur la customisation de la voiture : possiblement la seule à posséder un casse-noix intégré ! Ben oui, avant de monter nous regardons toujours les options proposées : rideaux, filets et stéréos c'est pour les maharajas de basse extraction, mais nous, on est des privilégiés alors il fallait le petit "plus" qui fait la différence.
Autre motif de rigolade : je suis devant et n'entends pas bien tout ce qui se trame à l'arrière. Involontairement, je fais ainsi rentrer la pomme de terre dans la catégorie des céréales. Une phrase qui va me suivre comme un boulet jusqu'au retour à mon domicile ...
La distance à couvrir étant très chronophage, nous marquons deux pauses : la première pour prendre un thé/café, la seconde pour manger avec les poules notre dernier plat épicé du voyage. L'avenir s'annonce fade ...
Au dernier péage de la journée, nous voyons des hijras, ces transsexuels, hermaphrodites ou eunuques à l'apparence volontairement féminine et plus ou moins bien vus et considérés.
A l'issue de ce dernier arrêt, ce sont les adieux car nous ne nous reverrons plus d'ici la fin. Je retiendrai notamment les mots touchants de Maryvonne. Merci beaucoup ! Nos véhicules font un temps un genre de courses à se dépasser sans cesse, l'occasion de s'adresser des coucous furtifs. Puis nos trajectoires se séparent. Nous retournons vers la Wongdhen House avec Jimmy. Dehors il fait totalement nuit. A chaque virage, ma voisine du milieu tente de m'écraser sauvagement contre les vitres mais elle n'y parviendra pas car il lui manque une cinquantaine de chapatis pour cela. Nous arrivons à destination et ressortons quelques minutes acheter de l'encens. Plutôt que de dormir un peu, nous décidons de faire nuit blanche devant être récupérés vers 1h. Notre pilote (et non chauffeur) a décidé de se faire plaisir. Etant à l'avant, sa conduite est fort impressionnante : grillages de feux, queues de poisson, coups de klaxon à la police, carrefour coupé à contresens et sans visibilité ... Je crois qu'il aurait pu perdre le permis une centaine de fois et nous la vie à peu près aussi fréquemment si nous n'avions pas eu un bon karma ! En réunissant nos fonds de poche, nous pouvons envisager un dernier shopping d'adieu : nous acquérons du chocolat pour l'apéro. Il est près de 4h du matin et nous ne sommes plus très lucides : l'une de nous ne sait plus trop prendre les tapis roulants et manque de tomber à deux reprises. Je devrais cependant me montrer plus compréhensif car elle semble sortir du Shekhawati et ne connaît peut-être pas cette technologie ?
Le vol prend une heure de retard, notre correspondance à Moscou s'annonce serrée. Il ne faudrait pas en faire beaucoup plus pour que nous décidions de rester. Toutefois, nous finissons par partir. Après la sieste, le plateau repas se présente et je prends alors pleinement conscience de tout ce que je viens de vivre de fort et de ce que je laisse derrière, tant de moments magiques ! Ce voyage était vraiment trop marquant ...