Jaipur
Mardi 7 octobre 2014
Aujourd'hui encore pas mal de route à effectuer aussi nous levons-nous à 5h45. Le petit-déjeuner est de type plutôt occidental et c'est avec difficultés que je parviens à composer quelque chose d'à peu près indien.
Vers 6h30 - 7h, nous partons. A présent, nous nous sommes tous acclimatés à ce pays. Nous marquons un premier arrêt à Abaneri pour visiter Chand Baori, un puits à degré de 19,5m de profondeur datant du 8ème siècle. "A degré" car des escaliers descendent au fond dessinant de jolis motifs géométriques sur 3 de ses 4 côtés. A l'entrée, un petit sanctuaire shivaïte où se déroule une puja, la prière traditionnelle. Des formes humaines y sont couvertes de poudre rouge rituelle. Fumées et tintements de clochettes complètent le tableau. Une poignée de perruches viennent à notre rencontre. Tout autour du puits, des statues au visage souvent abimé faisant référence au site de Khajurâho ou représentant des divinités parmi les 33 millions que compte l'hindouisme. Jimmy s'attarde sur la triade centrale : Brahma, Shiva, Vishnu. Je fais ici une petite parenthèse très simplificatrice pour les présenter :
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Brahma est le créateur du monde représenté avec 4 têtes et 4 bras. Sa compagne est Sarasvatî, la déesse de la connaissance, honorée par 30 minutes de prière dans les écoles.
- Shiva est le dieu destructeur, époux de Parvati, la déesse de l'énergie. Il est souvent représenté avec un trident ou sur une peau de tigre. Il est rattaché à Ganesh, le fils de Parvati et dieu à tête d'éléphant, divinité du bonheur.
- Enfin, Vishnu est le préservateur, représenté avec une tête et 4 bras tenant une roue, une conque, un lotus et une massue. Il a eu 10 réincarnations : le poisson (qui a sauvé un homme du déluge), la tortue, le sanglier, un homme-lion (afin de tuer un démon rendu immortel auprès des humains et des animaux mais pas d'un mélange des deux ...), un nain (pour récupérer les terres et cieux appropriés par un démon, il lui propose de posséder tout ce qu'il peut enjamber en 3 pas, le démon accepte et Vishnu devient tellement grand qu'en 3 pas, il enjambe la création entière), Parashurama (un pourfendeur de la caste des Ksatriyas -les guerriers- qui refusaient de reconnaître l'autorité des brahmanes), Rama, Krishna, Bouddha et une figure apocalyptique. Sa femme, Lakshmi, est la déesse de la richesse et de la prospérité.
En poursuivant sur notre itinéraire nous passons au pied des contreforts des monts Aravelli (ou Aravalli), plus anciens que l'Himalaya. La comparaison s'arrête là car il s'agit de reliefs rouge-orangé semblables à des carrières surexploitées depuis des années, et encore je ne vois rien de plus flatteur pour les décrire avec enthousiasme.
Vers midi, nous entrons à Jaipur, capitale du Rajasthan, passant devant une troupe de soldats montés sur des dromadaires. Nous filons sur l'hôtel pour y déposer les bagages avant de rejoindre le restaurant pour déjeuner. Plus qu'un restaurant, c'est une sorte de cantine où descendent davantage les locaux que les touristes. L'une de nous en profite aussi pour chercher, dans la pharmacie mitoyenne, un remède miracle contre les pieds de mammouth. A tous, il nous viendrait sûrement en tête une décoction à base de bave de crapaud et de pattes de poulets mais elle revient simplement avec un traitement commun. Je suis partiellement déçu de ne pas pouvoir assister à une vraie expérience locale en matière de soins. D'un autre côté, en étant positif, je soulignerai que d'une part je pourrai à présent envisager de séjourner sur la banquette arrière sans me faire écraser les pieds et d'autre part que l'allée centrale risque d'être à nouveau dégagée ... Alors merci pour tout ! Pour en revenir à l'assiette, le repas est délicieux et me permet de découvrir le gombo. Je dormirai ainsi moins bête ce soir (quoi que ...).
Au programme pour le début d'après-midi : 10 km pour rejoindre le fort d'Amber, un bâtiment impressionnant perché au sommet d'une montagne et aussi étiré que le château de Prague ou l'abbaye de Melk ! Il est protégé par une muraille remarquable de 30 km de long qui escalade tous les reliefs environnants en empruntant crêtes et arêtes, telle une Muraille de Chine à peine moins large. Pour monter au sommet 2 options : des éléphants maltraités et qui s'agacent avec la chaleur donc qui ne sont guère exploités l'après-midi ou alors marcher (parfois avec des pieds pachydermiques). La première option n'en étant pas une à cette heure, nous partons à pied. 'Un éléphant, ça use, ça use ..." (désolé je n'ai pas pu m'empêcher).
Comme hier à Agra, chaque cour donne sur une autre qui est au moins aussi somptueuse que la précédente. C'est la surenchère permanente dans le raffinement et la richesse. Pour ne citer que quelques curiosités : la Ganesh Pol -une porte majestueuse-, le Palais des Miroirs dont les murs sont incrustés de bouts de verre que l'on prendrait facilement pour de l'argent ou encore les jardins intérieurs où l'on cultivait autrefois le safran.
En contrebas de la forteresse, un lac (Maota Lake) au milieu duquel se trouvent de magnifiques jardins tout en verdure.
Sur le chemin du retour, nous marquons un arrêt devant le Palais de l'Eau connu par les plus anciens d'entre nous pour avoir servi de décor à une pub de Shalimar. Comme nous sommes après la mousson, il se trouve actuellement au milieu du lac mais à d'autres époques de l'année, il est tout asséché ! A côté du minibus, sur la route, au milieu des voitures et des autorickshaws, un éléphant à la face peinturlurée avance tranquillement vers nous, pas le moins du monde stressé par le trafic, du moins en apparence (celles-ci étant trompe-use comme nous le savons tous).
Retour dans la "capitale" pour la fin de journée. Nous sommes déposés devant le Palais des Vents. Il s'agit d'un ancien harem depuis lequel les femmes qui y vivaient pouvaient observer sans être vues. Par rapport à ce que je m'étais imaginé, via des photos, il est nettement plus haut et plus large. Il se trouve au bord d'une rue extrêmement passante et commerçante où le klaxon est le bruit de fond ambiant. Je vais finir la journée à moitié sonné. Comme à l'accoutumée, je pars avec Virginie et Marie disposer du temps-libre n'ayant rien de spécial à acheter. Nous alternons shopping et promenade sans but, nous aventurant par exemple dans une arrière-cour décorée de fresques. En quittant l'artère principale (tout en mettant le pied où il ne faut pas), les indiens changent d'attitude à notre égard : ils ne cherchent plus à tout prix à faire entrer le chaland, ce qui est appréciable. En dehors des motos qui seraient prêtes à transformer nos pieds en chapatis ou à abimer notre sourire en nous renversant, tout est plus en retenu. Dans un magasin où nous pénétrons après nous être déchaussés, les prix sont également plus intéressants, les filles finissent ainsi par trouver le bonheur pour à peine 3 fois le prix réel. On progresse dans notre intégration et sommes moins pris pour des touristes à en croire cette affaire !
De retour au Palais des Vents à la nuit tombante, nous apercevons au premier étage, juste au-dessus des boutiques, de nombreux singes qui évoluent de corniche en corniche, à la recherche de nourriture qu'ils savent très bien disponible dans cette ville.
Nous descendons pour diner dans un restaurant haut de gamme où nous sommes rejoints par Jyoti, la femme de Jimmy, et par deux de ses nièces : Garima et Dimple. Pour rentrer à l'hôtel, Jimmy nous prend deux autorickshaws qui filent et se faufilent dans la nuit, expérience bien rigolote au demeurant.
Pour terminer la soirée, nous jouons au Gin-Rami où je l'emporte pour la première et dernière fois sur un score serré de 300 points. Sûrement la chance du débutant parce que je ne gagne jamais. Enfin presque jamais, désormais ...