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Agra et le Taj Mahal

Lundi 6 octobre 2014

Le monde appartient à (celles et) ceux qui se lèvent tôt : à 6h du matin, nous quittons l'hôtel en direction d'Agra. Pendant presque 1h à 1h30, nous parcourons Delhi qui semble s'étirer à l'infini. Même le métro aérien paraît ne jamais vouloir s'arrêter. Sur notre route, de nombreux temples et sanctuaires multiconfessionnels où chacun peut venir prier selon ses propres croyances. Belle image de respect et de tolérance ! A chaque changement d'Etat ou aux abords des grandes villes ou pour renflouer le porte-monnaie de tata Ursule, des péages se dressent devant nous. Vous partez riche et devenez pauvre sur les routes d'Inde. J'espère que l'élite profite bien de cette manne pour s'offrir de belles vacances aux frais de la princesse.

Sur le coup de 9h, arrêt pour le petit déjeuner que l'on n'a pas encore pris. Au menu, un yaourt puis notre nouveau meilleur ami (en tout cas il vaut mieux ...) : le chapati aujourd'hui richement agrémenté de beurre. Un pot de confiture aux couleurs plutôt chaudes nous fait de l'oeil. Après renseignements pris auprès de Jimmy, il s'agirait de substances inflammables pour palais européens. Alors, tant qu'à être là et pour s'acclimater en douceur aux saveurs indiennes, je décide de m'y attaquer conformément à mon rôle de goûteur acquis au gré de mes pérégrinations. Je fais ainsi connaissance avec un p'tit citron épicé dont vous me direz des nouvelles ! Installés à l'ombre, il fait en outre bon vivre en ce début de matinée.

C'est reparti pour une nouvelle portion de trajet. Oh pas grand-chose : juste 3h30 environ pour parcourir peut être 150 kilomètres. Cela vous impressionne ? Nous aussi... Nous avons même émis l'hypothèse erronée que les distances étaient en miles. Le circulation semble anarchique mais a pourtant sa propre logique. Pas celle du code de la route en tout cas ! Ici l'examen du permis doit être de la résistance au stress. Dans le même temps, malgré le désordre apparent, force est de reconnaître que les accidents semblent rares (1 seul repéré sur tout notre séjour).

Des champs de cannes à sucre défilent de part et d'autre du véhicule. Nous sommes désormais en Uttar Pradesh, région ayant donné 15 ministres et des présidents et abritant le lieu de naissance du Bouddha.

Agra. Pendant un temps je suis à l'affût m'apprêtant à voir le Taj Mahal surgir à tout instant. Ca ne va pas être le cas et c'est seulement dans les derniers hectomètres qu'il daigne se découvrir. Nous continuons jusqu'à l'entrée réservée aux indiens. Il redisparaît derrière une butte de terre. Sacré joueur ! Après être descendus du minibus, nous marchons environ 1 kilomètre dans la verdure. J'en oublierais presque qu'une des merveilles du monde et une des images phare de l'Inde se trouve à portée de main.

Ayant nos billets, nous avons le droit de couper la longue file, passant devant tous les nationaux. Je n'apprécie pas trop, ça fait un peu reste de colonialisme ... Au bout des barrières, le même contrôle que dans le métro de Delhi : à tous les coups ça sonne ! Petite séance systématique de palpations, les indiens sont si tactiles ... Par contre, interdit d'entrer avec son sac. En contrepartie, vous récupérez à l'entrée une pochette surprise contenant une bouteille d'eau et des chaussons magnifiques modèle schtroumpf automne-hiver. Juste ceux qui manquaient à ma collection ! J'ai bien fait de venir, on peut faire demi-tour à présent.

La chaleur est accablante. Après une première cour assez verdoyante, nous parvenons à une grosse porte de gré rouge et de marbre blanc. En la franchissant, le célèbre palais se révèle progressivement. Quelle perspective ! Un bassin file de notre position jusqu'au monument, simplement interrompu en son milieu par une plateforme. La verdure est omniprésente de chaque côté de celui-ci et, tout au bout, le blanc du marbre se détache. Impossible de voir autre chose.

Dromadaire sur le parking du site

Cour d'accès au Taj Mahal

Porte d'accès au Taj Mahal

Vue depuis l'intérieur de la porte

Le Taj Mahal !

Petite explication culturelle avant de lâcher les fauves : le Taj Mahal a été construit par Shah Jahan par amour pour sa 3ème femme Mumtaz Mahal. Le nom du monument se traduit par "Palais de la Couronne". Sa construction a nécessité 17 ans, l'équivalent de 50 millions de dollars et la bagatelle de 22 000 ouvriers. Déjà qu'en France on peine parfois à en faire déplacer 1 seul ... Elle assemble briques, marbre du Rajasthan et pierres précieuses en quantité plus que déraisonnable. Sous l'édifice, qui se trouve sur un terrain marécageux, des puits ont été creusés et remplis de bois de tek imputrescible afin d'éviter un affaissement à la longue. De même, ses minarets sont penchés légèrement vers l'extérieur pour ne pas causer de dommage en cas de séisme. La version politiquement correcte de "voilà ce qui arrive quand on prend un architecte low-cost" ? A l'origine, Mumtaz était inhumée ailleurs avant que la sépulture ne soit fin prête et son corps déplacé.

Autour de nous des indiens viennent à nouveau écouter sans comprendre. Quant à Jimmy, il finit son explication par quelques légendes comme le projet d'alors d'un Taj Mahal noir en écho de l'autre côté du fleuve, ou l'acharnement sur les ouvriers en fin de chantier pour éviter qu'ils n'en entreprennent un similaire à l'avenir. L'explication achevée, nous avons 1h30 de temps libre. Je pars visiter avec 3 starlettes de Bollywood qui vont attirer tous les paparazzis de l'ouest du pays par leur sari ou leur blondeur (mais oui par votre apparence aussi c'était pour taquiner). A Virginie la palme mais Marie et Laurie ne sont pas loin derrière. Je ne sais pas si Brad Pitt et Angelina Jolie seraient davantage sollicités ici ... Nous en venons même à imaginer faire payer les photos.

Selon l'angle où l'on se trouve, la splendeur et le sentiment d'écrasement change peu. C'est plutôt les détails finement ciselés qui se révèlent l'un après l'autre pour accentuer l'émerveillement. Il est possible d'entrer dans le mausolée si vous mettez ces magnifiques chaussons très seyants. Mais attention à ne pas être trop brusque en les enfilant sinon vous devrez quitter le bleu pour du blanc, et ça, c'est de suite moins classe. Ou alors opter pour un bleu et un blanc mais là, ça fait vraiment très Schtroumpf. Dans tous les cas, imaginez Cendrillon ou Aladin avec les souliers d'Obélix; nous avons sûrement à peu près le même look au moment d'accéder à cet incontournable. Donc ne cadrez pas les pieds svp.

A l'intérieur, il fait assez sombre et délicieusement frais. Sous une vaste coupole, deux tombes enchâssées dans une structure octogonale aux parois constituées de motifs floraux entrelacés. Impossible de prendre le temps de s'extasier devant ou d'admirer : 2 cerbères aboient devant toute personne statique, surtout lorsqu'elle n'est pas occidentale. Tandis que celui qui a pris une photo discrète avec le flash découvre ce qu'est leur tendresse.

A la sortie à l'air libre, un jeune nous cueille pour nous montrer quelques subtilités dans la conception de l'édifice. . Nous surplombons les rives de la Yamuna qui passait à deux pas de notre hôtel de Delhi. Après la séance photos précédemment évoquée, nous regagnons doucement l'entrée, encore étonnés de ce que l'amour a conduit à édifier ici ! 

Taj Mahal - Vue de la porte d'accès au site

Taj Mahal - Porte d'accès aux tombeaux

Taj Mahal - Minaret

Taj Mahal - Jawab (palais à droite du Taj Mahal)

En sortant du site, une myriade de vendeurs à la sauvette nous proposent un Taj Mahal dans une boule de neige. Cette présentation m'interpelle quand même car il ne doit pas souvent y en avoir par ici. Et pourquoi pas des cactus non plus ? Nous rejoignons le restaurant à pied. Nous pouvons y déguster un plateau très copieux composé de 6 compartiments dont 3 très épicés, au point d'en extirper quelques larmes et pas mal d'éclats de rire.

A présent, direction le Fort Rouge. Un édifice "caparaçonné" derrière une lourde muraille aussi large que haute. Cela s'explique par sa vocation première qui était militaire avant d'incorporer ultérieurement des palais. Chaque nouvelle cour ouvre sur des éléments au moins aussi impressionnants que dans la précédente. La palme revient pour moi à une succession de colonnes très raffinées et ciselées dans la petite salle des audiences du Palais de Jehangir. Peut-être pourrais-je reprendre l'idée pour le couloir qui mène à mon salon ? En prenant de la hauteur, une petite esplanade permet d'apercevoir le Taj Mahal au loin. Pas sous son plus beau profil mais ça reste une merveille de monde. D'ailleurs un des souverains qui l'aménagea, Shah Jahan (encore lui !), acquiescerait sûrement à cette dernière partie de ma proposition puisqu'il est resté emprisonné là 8 longues années après avoir été renversé par son propre fils. Il ne pouvait ainsi jeter qu'une fois par jour un coup d'oeil au mausolée de sa bien-aimée.

Au-dessus de nos têtes passent de nombreux vols d'oiseaux migrateurs, autres voyageurs au long court, autrement plus intrépides. Salut collègues !

Fort d'Agra - Entrée

Palais de Jehangir

Palais de Jehangir - Salle des Audiences

Vue sur le Taj Mahal depuis le Fort d'Agra

Jardins dans une cour intérieure

Salle pour les invités

Vols d'oiseaux migrateurs

A l'issue de la visite, il nous reste 1h30 de route. Nous sommes à la recherche d'eau pour tous et de bananes pour ceux d'entre nous qui ne supportent pas encore totalement l'épicé. Nous traversons un petit village avec un joli marché aux fruits principalement, étals colorés aux denrées pas toujours reconnaissables. Non loin de là, un ralentissement dû à un carrefour sans feu ni signalisation et fortement fréquenté. Chaque véhicule tente de gagner centimètre sur centimètre au point que nous finissons par devenir un îlot directionnel autour duquel gravite la circulation, étant cernés de tous les côtés. La situation va se prolonger sur 26 minutes pour nous et pourtant quasiment aucun chauffeur sur le carrefour ne va s'énerver. Une leçon de patience ...

Sur la fin du trajet, la nuit est tombée et une obscurité quasi totale règne. Sur les bas-côtés des cyclistes surgissent dans le brouillard des phares inverses, ombres presque irréelles qui se révèlent au dernier moment pour disparaître aussitôt. A l'avant de notre minibus, Jimmy visionne sur son portable des clips de Bollywood et n'hésite pas à accompagner les acteurs quand la chanson lui plait bien. L'histoire raconte systématiquement un amour contrarié finissant tantôt bien, tantôt mal. Les extraits sont parfois récents, d'autres fois plus anciens, mais usent et abusent des effets spéciaux (dans tous les sens du terme).

Nous arrivons à Bharatpur dans un hôtel très confortable avec piscine pour "maillot deux pièces" uniquement... Nous sommes également à proximité d'une réserve ornithologique mais au vu de la veillée, je dirais davantage d'un sanctuaire à moustiques assoiffés de sang exotique donc occidental. Pour nous, pour le moment, c'est verre d'accueil. Egalement exotique mais à la papaye uniquement.

L'hébergement étant de haut standing, il propose une nourriture très soft en épices, ce qui pourrait être comparé à une sorte de "menu enfant". Quant à la chambre, le lit est plus large que long, du genre 3m X 1,9m. Du coup, j'avoue avoir hésité sur le sens à privilégier pour dormir et ne pas dépasser du lit. La fin de soirée est consacrée à discuter avec Virginie et Marie tandis que d'autres membres du groupe jouent à cache-cache avec un sèche-cheveux. Original comme jeu !

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